Hamid Grine est un écrivain algérien qui a été journaliste, deux fois Ministre et qui écrit plusieurs livres concernant des écrivains Français.
Originaire de Biskra il s'est intéressé à André Gide qui a fait plusieurs séjours dans cette ville et dont il nous dit qu'il lui a appris à mieux voir et apprécier sa ville natale.
De même il a écrit sur Albert Camus qui a ,aussi, révélé aux Algériens la beauté de leurs pays dans ces textes inoubliables sur Tipaza et Djemila.
Dans le présent ouvrage qu'il présente, a raison, comme une enquête il s'intéresse à la mort de Jean Sénac. Il connaît bien l'œuvre de ce poète qu'il admire et revient sur sa mort, assassiné dans son logement de la rue Elysée Reclus .
Sur cette mort, survenue en 1971 a circulé , très vite après des thèses suggérant que Jean Sénac aurait été assassiné pour des raisons politiques soit par le pouvoir soit par les islamistes parce qu'il était indésirable en raison notamment de ses mœurs et parce qu'il parlait haut et fort et très librement et qu'il était devenu très critique sur l'évolution du pays.
Cette analyse avait été , ensuite , reproduite systématiquement par tous les biographes de Sénac.
Hamid Grine s'est livré à une enquête minutieuse, il a rencontré des protagonistes et des personnes qui connaissaient la vie de Sénac et il parvient à la conclusion que cet assassinat est une affaire de mœurs liée à l'homosexualité du poète.
Est-ce que l'auteur nous convaincs et enlève toutes les zones d'ombre?
En réalité il y a , dans cette enquête, de tels rebondissements et notamment son entretien avec celui qui fut présenté comme l'assassin de Sénac que l'on en vient à ne plus savoir vraiment (la saura t-on un jour)quelle est la vérité.
Son analyse est, cependant, tout à fait crédible et , dans l'avenir, on ne pourra pas se contenter des analyses qui prévalaient jusqu'alors.
Il n'en reste pas moins que Jean Sénac restera pour toujours celui qui a participé à la guerre d'indépendance, qui croyait à une Algérie ouverte et plurielle et qui en a été exclu: privation de son emploi, refus de la nationalité; Sur ce refus de la nationalité il y a plusieurs pages et les politiques de l'époque n'en sortent pas grandi. C'est le moins que l'on puisse dire.
Le livre est également captivant car il fait bien revivre cette période et nous y voyons le monde politique te le monde intellectuel de l'époque.
C'est aussi l'occasion pour l'auteur de revenir longuement sur la relation de Jean Sénac avec Albert Camus et avec le milieu littéraire de l'époque.