mercredi 4 février 2015

Lucien Jerphagnon

Fin d’hiver : Lettres à Lucien, ce livre de Thérèse Jerphagnon paru chez l’éditeur « Le passeur » est  très émouvant à lire. Lucien Jerphagnon, pour ceux qui ne le connaîtraient pas est un philosophe, spécialiste de la pensée antique, disciple de Jankélévitch. Mais ce livre est consacré non au philosophe et professeur mais à l’homme. Il s’agit de  courts billets écrits par sa femme après son décès alors qu’elle –même est atteinte d’un cancer. Ce sont les sentiments, les idées, les souvenirs qu’elle ressent dans son deuil après plus de cinquante ans de mariage. Dans un  style magnifique elle nous décrit le chemin qu’elle s’efforce de suivre malgré le manque, malgré cette présence-absence.
Une grande réflexion sur la mort, sur la fin de vie aussi, sur la douleur, l’euthanasie  (p.30) et sur les petits riens qui ont fait sa vie avec ce grand universitaire. Par exemple cet amour des  animaux, des chats particulièrement mais aussi des chiens. Je retrouve que ce couple employait des mots que j’emploie moi-même pour mon petit chien : « chat-chien ou chien –chat » ! En exergue de ce passage sur les animaux cette phrase d’Alphonse De Lamartine que je découvre et qui me paraît l’exacte vérité : « On n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal. On a un cœur où on n’en a pas. »
Des pages intéressantes aussi sur cette question de la mort  qui taraude l’humanité et qui est à l’origine de bien des mythes et des religions. « Dés que l’homme s’est dressé sur ses pattes arrière, l’homo erectus dit-on, je crois, il a honoré ses morts. Il n’a pas supporté la néantisation des siens ni la sienne…. » (p.55 et 56)

Au total un beau portrait de Lucien Jerphagnon mais aussi de celle qui l’a accompagné si longtemps dans la vie.

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