L’attribution du prix Nobel de littérature à Kazuo Ishiguro
m’a donné envie de lire son roman « Vestiges du jour » dont on a tiré
un film magnifique avec Anthony Hopkins dans le rôle du majordome de Darlington
Hall. Le film m’avait tellement plu que je craignais d’être déçu par le roman.
Or c’est tout le contraire. Le style de cet écrivain, né au Japon, mais vivant
en Angleterre depuis l’âge de cinq ans, m’a rappelé cet humour anglais que l’on
trouve dans les romans qui mettent en scène le fameux Jeeves.
Dans le roman celui qui s’exprime et raconte l’histoire
c’est le majordome de Lord Darrington et il nous dit, tout au long du roman
comment il conçoit son rôle de majordome d’une grande maison, la
« dignité » qu’il faut, selon lui, pour remplir cet emploi. Le
lecteur ne peut qu’être partagé face à ces vies toutes entières consacrées au
service des autres et l’on se prend de pitié pour ce majordome lorsque tout à
la fin du roman il se rend compte qu’il a, peut-être, gâché sa vie.
Le roman est plus complet que le film et, notamment, sur la
réunion politique secrète qui se tient au château et qui a pour objectif de
rapprocher les points de vue anglais et allemand. Le majordome ne se pose pas
de questions et ce n’est qu’à la fin qu’il se demande enfin s’il ne s’est pas
trompé en fermant les yeux, en ne voulant rien voir ni rien juger.
Il y a, en creux, une critique de l’absence d’engagement qui
a fait dire à une critique que le romancier pouvait, à certains égards, être
rapproché de Camus. Une chose est certaine, après avoir vu le film et lu le
roman on est pas prêt d’oublier M. Stevens le majordome de Darlington Hall.
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