mercredi 3 octobre 2018

David Diopp : Frères d'âme

C'est un roman puissant et , d'une certaine manière éprouvant, que vient de publier David Dopp aux Editions du Seuil. C'est un premier roman et il est déjà sur de nombreuses listes de prix et reçoit une critique positive.( Voir celle de Tahar Benjeloun ) et encore et enfin voilà sa présentation par l'auteur
Nous sommes pendant la première guerre ,la grande boucherie de 14-18 et le romancier nous parle de ces soldats africains, ici sénégalais, qui ont combattu dans l'armée française et dont le courage a été maintes fois souligné mais aussi la férocité au point que l'armée les employait pour terroriser l'ennemi.
Mais comme nous sommes dans un roman ce ne sont pas de grandes batailles qui sont décrites même si quelques notes campent bien le décor terrible,la boue et le sang, mais plutôt les états d'âme d'un soldat sénégalais.Le roman débute le jour où ce soldat perd son compagnon, son "plus que frère"dans des conditions atroces, éventré, les tripes sorties du corps et dans d'affreuses douleurs. Cet ami, ce "plus que frère" demande au soldat de le tuer pour lui éviter la souffrance et  l'indignité. Il ne le fera pas et la première partie du livre est consacrée aux remords de ce soldat qui n'a pas achevé son camarade malgré ses supplications au nom de je ne sais quel devoir.
"Ah Mademba Diop! Ce n'est que quand tu t'es éteint que j'ai vraiment commencé a penser. Ce n'est qu'à ta mort, au crépuscule, que j'ai su, j'ai compris que je n'écouterais plus la voix du devoir, la voix qui ordonne, la voix qui impose la voie. mais c'était trop tard."
Accablé par ce qu'il n'a pas fait il va devenir un soldat plus féroce encore et va vouloir faire "payer" la mort de son ami et dans les combats il s'en prendra aux ennemis qu'il éventrera et dont il ramera le fusil et la main coupée.
Il va finir par faire peur même a ses coreligionnaires qui le prendront pour un sorcier!
Ce livre est donc un roman sur les horreurs de la guerre, un de plus, mais original et j'ai aimé la façon dont l'auteur nous dit les deux formes de folie dans ce genre de guerre: la folie qu'il faut aux soldats pour sortir des tranchées et se lancer sous la mitraille, sachant que beaucoup ne reviendront pas et l'autre folie, la permanente celle du héros du roman.
Son comportement fait tellement peur qu'il est renvoyé , en permission, à l'arrière pour y être soigné. Et cette deuxième partie du roman est l'occasion pour lui de se souvenir de sa vie avant la guerre dans son petit village du Sénégal, de ses parents, de ses voisins et de la famille se de son ami "plus que frère" qui l'adopte lorsque sa mère quitte son père. Cette partie du roman est pleine de douceur et contraste avec la première mais se termine mal car , si j'ai bien compris, il tue la fille du médecin qui le soigne. Les horreurs de la guerre l'ont complètement détruit. Ce livre qui figurait dans la liste de nombreux prix a finalement obtenu le Goncourt des lycéens et il a eu droit a une belle remise du prix à l'Elysée.

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