Le livre d’Alice Kaplan « En quête de l’Etranger » est le récit de la création et de la vie du roman d’Albert Camus « L’étranger ». C’est écrit dans un style simple et clair par cette universitaire américaine qui a fait une recherche assez époustouflante et qui la restitue dans une langue remarquable.
On suit de très près le lent travaille de maturation qui conduit Camus à la rédaction de ce roman qui a tant fait parler de lui et qui reste encore plein de lecture possible, signe des grands chefs d’œuvre.
On apprend les influences, notamment de certains écrivains américains et les conseils de ses proches comme Jean Grenier, Pascal Pia et l’on apprend tout ce que sa vie lui a permis de noter et de mettre dans ce roman : un voyage à Marengo à l’hospice pour l’enterrement de la mère de sa belle-sœur, la vie des petits gens à Alger, l’expérience de son père lors d’une exécution capitale, sa propre expérience des tribunaux…. Et on en apprend aussi sur le fameux crime sur la plage et sur sa réécriture sur les conseils d’André Malraux.
Alice Kaplan nous apprend tout sur les tribulations du manuscrit pendant cette période de guerre jusqu’à son acceptation par les Éditions Gallimard grâce notamment à André Malraux mais aussi à Pascal Pia et d’autres. Elle nous montre comment le roman a été accueilli, comment beaucoup de critiques ont considéré qu’il s’agissait d’une œuvre au ton nouveau et qui allait marquer son temps. On peut lire toutes les critiques parues à l’époque jusqu’ à celle remarquable de Jean Paul Sartre qui est l’un de ceux qui ont le mieux analysé ce roman.
On assiste ensuite en détail à la diffusion de l’œuvre et à sa traduction, notamment en Amérique et en Angleterre avec les erreurs de traduction et les deux titres choisis en Angleterre et aux EU : « The Stranger » et « the Outsider »
Intéressants développements aussi sur la transposition, notamment par Visconti, de l’étranger au cinéma et enfin d’excellents développements sur le roman de Kamel Daoud Meursault contre enquête.
Enfin le livre se termine par le récit de ce qui s’est réellement passé sur la plage d’Oran .On apprend ,enfin, le nom et l’histoire réelle de l’arabe.
Le seul manque de ce livre est l’analyse de la réception de Camus et ,notamment de étranger , en Algérie.Il y a sur cette question,pourtant importante que très peu de choses.
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