Je relis, ici, à Hammamet "Les quartiers d'hiver" de Jean Noël Pancrazi, Prix Médicis en 1990 chez Gallimard et qui est consacré à l'évocation des années Sida, des nombreux morts de cette époque, du milieu de la nuit et de la tristesse de ces vies à la recherche d'un bonheur introuvable.
Le récit est conduit par un écrivain homosexuel, plus tout jeune qui fréquence une boîte gay :"Le vagabond" où il croise des jeunes , des moins jeunes et des vieux tous à la recherche d'un peu de tendresse et d'amour.C'est le récit des morts qui surviennent autour de lui et , aussi, de la fin du Vagabond. C'est une cérémonie des adieux émouvante, c'est un monde qui finit.
Même si certains des thèmes de cet écrivain n' intéressent pas certains je ne peux que conseiller la lecture de ce roman ne serait-ce que par l'émotion qui s'en dégage et à laquelle il est difficile de demeurer insensible.
Je connais depuis longtemps l'oeuvre de cet écrivain, né en 1949 à Sétif et dont j'admire avant tout le style.Il y a dans tous les beaux livres qu'il a publié (Madame Arnould, Renée Camps, Long séjour, les dollars de sables,la Montagne) une émotion permanente qui parcourt avec légèreté toutes ses phrases,une sensibilité et un art dans la description des sentiments les plus enfouis, des émotions, des impressions fugaces.
Son oeuvre évoque aussi sa famille et ses années d'enfance à Saint Arnaud prés de Sétif dans l'Algérie en guerre.
Comme je l'ai dit ce roman est une cérémonie des adieux, triste,pathétique lorsque ferme ce cabaret "Le vagabond" où tant de vies sont passées et voilà comment Jean Noël Pancrazi termine ce roman:
"Appelé par la clarté complice de la lampe, je les entendais à peine traverser, dans un va-et-vient affairé et discret,la grande pièce du relais,comme si,en sortant les falbalas des cartons d'hiver,ils préparaient en secret une fête pour un invité,un vagabond qui monterait le chemin de glaise sèche,guidé par le seul halo de la voie Lactée. Entre deux accrochages de guirlandes et d'ampoules autour des glaces,ils viendront me souffler leur désir de ne pas être oubliés, de compter encore un peu. Je le leur promettrai et ce lien fraternel à travers les saisons et les années me tiendra lieu d'amour."
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