mercredi 18 novembre 2020

Cees Nouteboom: Venise, le lion, la ville et l'eau

 

En ces moments de confinement où je ne peux me rendre à Venise je lis un ouvrage d’un auteur Néerlandais Cees Nouteboom qui vient d’être publié par Actes Sud en octobre 2020.

Encore un livre sur Venise ! Et oui, et l’on se demande comment faire du nouveau sur cette ville si souvent décrite. Eh bien l’auteur réussit encore à nous apprendre des choses et à nous donner des aperçus nouveaux sur la Sérénissime.

L’auteur réside à Venise très souvent depuis 1964 et il a habité toutes sortes de logements dans tous les quartiers de la ville. En cela il diffère de moi qui ai toujours résidé à la Giudecca entre l’Eglise du Redentore et Sainte Eufemia, une autre église, à peine visible et qui est la plus vielle de ce quartier.

C’est un amateur d’art et notamment de peinture et il sait nous décrire certains des chefs d’œuvres qui peuplent Venise d’une manière qui donne envie d’aller les voir.

Je pense à son texte sur le tableau de Véronèse : « Le repas chez Simon » qui est une cène peinte pour les dominicains qui ont tout de suite beaucoup aimé ce tableau. Malheureusement l’Inquisition qui sévissait à Venise et que l’auteur compare fort justement à la Stasi ou à la Gestapo ouvrit une enquête car elle trouvait que ce tableau n’était pas assez, disons, austère pour cette scène sacrée. L’auteur nous retrace l’échange qui eut lieu alors entre le peintre et les inquisiteurs.

Je citerai encore ce passage concernant la statue d’un certain Paolo Sarpi que j’ai souvent vu au cours de mes pérégrinations et dont j’ignorai tout. L’auteur nous montre dans un récit captivant, cet homme luttant contre le pouvoir du Pape, du Vatican dans un combat qui préfigure à la fois la Réforme et la naissance de la laïcité. (P. 108 et s)

Il nous raconte aussi l’histoire des Doges de Venise en regardant leurs tombeaux dans les différentes églises de la ville et dont il s’étonne que ces tombeaux soient toujours placés en hauteur, peut être par peur des inondations nous dit-il.

Il y a aussi de belles observations sur les « vrais vénitiens » et l’auteur a la conviction que je crois très vrai que malgré ses nombreux séjours il ne sera jamais un vrai vénitien. Il rapporte cette phrase de Brodsky :

« Malgré le temps, le sang, l’encre, l’argent et le reste épanché ou dépensé ici, je n’ai jamais pu prétendre de manière tant soit peu crédible, même à mes propres yeux, avoir acquis aucun des traits locaux, être devenu si infiniment que ce soit un Vénitien. »

Ce livre me donne aussi des idées de visite, par exemple ce cheminement sur une bande étroite entre le Lido et Chioggia. Je ferai cette visite la prochaine fois.

Un livre qui donc plaira aux amoureux de Venise.

 

 

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