dimanche 29 mars 2015

Villa Cahuzac à Gimont dans le gers

Pour mon anniversaire un cadeau m’a permis de passer une soirée et une nuit dans un hôtel très agréable que j’avais choisi dans un catalogue : la Villa Cahuzac à Gimont dans le Gers.
Gimont est un de ces petits villages du Gers avec, notamment une Halle importante et une très belle Eglise. Quant à la villa Cahuzac elle a une architecture et une histoire particulière. A l’origine elle a été édifiée par le docteur Aimé Mouchet qui fut Directeur de l’Hôpital d’Istanbul et qui opéra en sa qualité de médecin  Ata Turk, fondateur d u régime laïc en Turquie.
La villa contient la remarquable Bibliothèque du Docteur Mouchet parfaitement conservée et l’on prend ses repas dans une galerie entièrement vitrée longeant un petit parc.
                 



Dans la Bibliothèque j’ai aussi découvert deux beaux livres sur Daphné Dubarry sculpteur de grand talent et dont je me demande encore si elle est apparentée au Dubarry propriétaire de la Villa et grand producteur de foie gras !

Les quelques photos me rappelleront quelques moments agréables pour fêter, hélas, une nouvelle année qui s’ajoutera à d’autres.

jeudi 26 mars 2015

CHIEN de Samuel Benchetrit

Chien de Samuel Benchetrit qui vient de paraître aux Editions Grasset et que l’on vient de m’offrir est un roman qui commence d’abord dans la drôlerie et qui se termine de manière émouvante. A la vérité c’est une histoire  particulière où l’on a du mal à entrer au début et à laquelle on se laisse prendre très vite. En effet dés le début et dans le cadre de la désunion d’un couple, l’homme va se transformer en chien, donc difficile a admettre pour un esprit cartésien mais c’est, dans le fond  l’idée que nous traitons parfois nos congénères comme des chiens !
Passé cette idée initiale la vie de ce chien, ses réflexions sur la vie sur ses maîtres, ses amitiés avec d’autres chiens nous entraînent dans des aventures où l’on voit, hélas, que les maîtres ne sont pas toujours à la hauteur de l’amour des bêtes ! Cette façon de se mettre ainsi à la place d’un chien et de faire parler cet animal m’a rappelé les  livres qui ont déjà utilisé cette manière de faire : celui de Virginia Wolf sur Flush la chienne de la poétesse Elisabeth Barrett, celui de David Garnett : « La femme changée en renard » paru chez Grasset « Les cahiers rouges » et aussi « Truismes » de Marie Darrieussecq roman qui concernait cette fois une truie.

Alors franchissez le pas :vous rirez mais pas seulement.

mercredi 11 mars 2015

Trois jours à Oran

Trois jours à Oran suivi de : « Le désir et la peur » d’Anne Plantagenet vient de paraître dans la collection J’ai lu chez Stock. C’est le récit du retour en Algérie soixante après et cela ne pouvait me laisser  indifférent !
L’auteur décide d’emmener son père qui a quitté l’Algérie très jeune et n’ y est jamais retourné revoir Oran sa ville natale et la ferme de la famille a quelques kilomètres. Ils n’y resteront que trois jours et ce sont ces trois jours qu’elle raconte en mêlant cette histoire ancienne et sa propre histoire du moment.
Tous les sentiments qui peuvent envahir à l’occasion d’un tel pèlerinage sont bien restitués et l’émotion court tout au long du récit.

Le récit proprement dit est suivi d’une courte partie à la suite des réactions que le livre a suscitées. Le désir et la peur car ce sont bien là les sentiments qu’éprouvent tous ceux qui sont tentés par ce retour au pays. Désir évidement de revoir les lieux de sa jeunesse. Peur aussi de tuer les souvenirs.

samedi 28 février 2015

Le cousin de Bruegel

J’ai assisté le 27 février au Parvis à la présentation du roman que vient de publier Eric Le Bot sous le titre Le cousin de Bruegel aux Editions In8
Il m’était difficile de manquer cette présentation puisque Eric Le Bot est un de mes confrères et qu’il a même fait un court passage à mon cabinet. 
Je savais de lui qu’il aimait le théâtre et j’ai encore le souvenir de l’Antigone qu’il avait monté il y a quelques années. Je ne lui connaissais pas, par contre, son goût de l’écriture.

Marc Belit a fait une présentation passionnante. Il a montré son enthousiasme pour ce premier roman, il en a fait une lecture qui met en avant l’évocation de thèmes quasiment métaphysiques : la mort, la création artistique, le pacte faustien entre l’artiste et le diable. Ce faisant, il a donné à l’auditoire l’envie de se plonger dans le livre ce que j’ai fait aussitôt de retour chez moi.
Autant dire tout de suite que je ne connaissais Bruegel que de nom et que son œuvre m’était étrangère. Tant mieux, dans le fond, puisque je suis entré vierge, si je puis dire, dans ce roman.

Une seule chose m’est venue à l’esprit avant de le lire, le souvenir de ce que un de mes écrivains préférés, Marguerite Yourcenar aimait beaucoup la peinture flamande et notamment l’œuvre de Bosch et de Bruegel. 
Une exposition en 2013 a mis en évidence les rapports de l’œuvre de cet écrivain avec la peinture flamande et il en existe un magnifique catalogue

Mais venons-en au roman. Et d’abord le style car c’est là qu’est l’écrivain. Ce livre se lit bien et la réussite est d’abord dans le fait que l’auteur sait nous rendre la vie de cette époque, une vie qui ne nous paraîtrait aujourd’hui pas très propre, pas très saine avec ses maladies, une sorte d’humidité ambiante. On a guère de mal, grâce à l'écriture, à  imaginer cette Flandre et son climat, souvent difficile (il y a de très beaux passages sur ces temps de pluie et de boue); et l’atelier de l’artiste finit, à la lecture, par nous devenir familier. Ne serait-ce que pour cela, le roman serait réussi.

On se laisse prendre au récit de « l’espion » et on lit ses rapports à son maître avec intérêt en attendant la suite, il y a presque du suspens et c’est l’ensemble des informations qu’il donne qui restitue, par petites touches, à la manière d’un peintre, et l’époque et l’atmosphère de l’atelier.

Sur le fond le livre pose plus de questions qu’il n’en résout ou, plutôt, conduit le lecteur à se poser mille questions sur l’art, la création, cette sorte d’esclavage dans lequel se trouve tout artiste taraudé par une volonté de dire et de trouver. 
Il y a dans ce roman l’apparition de personnages énigmatiques dont on ne sait pas qui ils sont : le diable, la mort… Et la fin ajoute encore au questionnement. Je n’en dirai rien pour laisser au lecteur la découverte seulement ceci : tout artiste n’est-il pas un fou qui veut se confronter avec le sens de la vie, l’horreur du temps qui passe et la mort ?
Cette recherche par l'art du sens de la vie et ce constat accablant qu'il n'y a guère de sens (p.122), que tout finit et disparaît et que le monde continue de "tourner sans nous" (p.124).
Une évocation aussi, qui renvoie à aujourd'hui, de cette religion d'inquisition et de censure qui pousse l'artiste à "l'art du stratagème et aux paysages a énigmes." (p.32)
Un foisonnement de questions  et n'est-ce pas là la marque d'un bon livre?
Et puisque j’évoquais, en commençant,  Marguerite Yourcenar je dois dire que l’un de ses grands héros, Zénon est poursuivi par les même obsessions que le Bruegel de ce roman.

Roman réussi donc et dont je conseille la lecture  ainsi que le découverte ou la redécouverte de Peter Bruegel.

mercredi 4 février 2015

Lucien Jerphagnon

Fin d’hiver : Lettres à Lucien, ce livre de Thérèse Jerphagnon paru chez l’éditeur « Le passeur » est  très émouvant à lire. Lucien Jerphagnon, pour ceux qui ne le connaîtraient pas est un philosophe, spécialiste de la pensée antique, disciple de Jankélévitch. Mais ce livre est consacré non au philosophe et professeur mais à l’homme. Il s’agit de  courts billets écrits par sa femme après son décès alors qu’elle –même est atteinte d’un cancer. Ce sont les sentiments, les idées, les souvenirs qu’elle ressent dans son deuil après plus de cinquante ans de mariage. Dans un  style magnifique elle nous décrit le chemin qu’elle s’efforce de suivre malgré le manque, malgré cette présence-absence.
Une grande réflexion sur la mort, sur la fin de vie aussi, sur la douleur, l’euthanasie  (p.30) et sur les petits riens qui ont fait sa vie avec ce grand universitaire. Par exemple cet amour des  animaux, des chats particulièrement mais aussi des chiens. Je retrouve que ce couple employait des mots que j’emploie moi-même pour mon petit chien : « chat-chien ou chien –chat » ! En exergue de ce passage sur les animaux cette phrase d’Alphonse De Lamartine que je découvre et qui me paraît l’exacte vérité : « On n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal. On a un cœur où on n’en a pas. »
Des pages intéressantes aussi sur cette question de la mort  qui taraude l’humanité et qui est à l’origine de bien des mythes et des religions. « Dés que l’homme s’est dressé sur ses pattes arrière, l’homo erectus dit-on, je crois, il a honoré ses morts. Il n’a pas supporté la néantisation des siens ni la sienne…. » (p.55 et 56)

Au total un beau portrait de Lucien Jerphagnon mais aussi de celle qui l’a accompagné si longtemps dans la vie.

lundi 10 novembre 2014

Pas pleurer de Lydie Salvayre

Pas pleurer de Lydie Salvayre, prix Goncourt 2014, que je viens de terminer est un excellent roman tant par le style (j’en dirai un mot) que par l’histoire  de cette femme de plus  de quatre-vingt ans qui raconte ce qui fut, pour elle, une partie essentielle de sa vie  en 1936 à l’ombre de  l’histoire de la guerre d’Espagne, une partie si essentielle ,qu’à l’heure du grand âge, elle ne se souvient bien que de cet été 36. Nous vivons avec elle et, dans un langage savoureux français mêlé d’espagnol avec des trouvailles de vocabulaire que seul ceux qui manient mal la langue savent trouver.
L’auteur en nous racontant cette partie de vie qui est celle de sa mère fait également parler le grand écrivain Georges Bernanos qui, tout en étant de la droite quelques fois extrême fut  a ce point choqué par les exactions, les crimes affreux des nationalistes de Franco qu’il écrivit un livre que son camp lui reprocha : « Les grands cimetières sous la lune » dont Lydie Salvayre utilise des phrases pour nous donner une idée de ce que furent ces années épouvantables.
Ces moments sont affreux mais on rit aussi grâce à la force de cette femme et  grâce a son langage imagé qui fait mouche.
Enfin j’ai retenu une condamnation sans appel de l’attitude choquante, scandaleuse, impardonnable de l’Eglise catholique espagnole, attitude qui choqua au plus haut point l’écrivain catholique qu’était Georges Bernanos.
Je me suis demandé ce q'Albert Camus qui s'est beaucoup intéressé à la guerre d'Espagne avait pensé de Bernanos. Comme d'habitude il ne m'a pas déçu et il a été un des seuls ,à gauche, a défendre l'écrivain de droite avec ce texte paru dans Alger républicain:

"Georges Bernanos est un écrivain deux fois trahi. Si les hommes de droite le répudient pour avoir écrit que les assassinats de Franco lui soulevaient le cœur, les partis de gauche l'acclament quand il ne veut point l'être par eux. Car Bernanos est monarchiste. Il l'est comme Péguy le fut et comme peu d'hommes savent l'être. Il garde à la fois l'amour vrai du peuple et le dégoût des formes démocratiques. Il faut croire que cela peut se concilier. Et dans tous les cas, cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres. Respecter un homme, c'est le respecter tout entier. Et la première marque de révérence qu'on puisse montrer à Bernanos consiste à ne point l'annexer et à savoir reconnaître son droit à être monarchiste. Je pense qu'il était nécessaire d'écrire cela dans un journal de gauche.
Albert Camus, Alger-Républicain, 4 juillet 1939.
On lira aussi avec intérêt ce ce beau texte de Camus qui complète parfaitement ce que l'on apprend dans le roman de Lydie Salvayre

Enfin et l’auteur le dit elle-même il y a dans la folie qui s’est emparée de l’Espagne à cette époque des enseignements pour aujourd’hui et pour nous mettre en garde contre le ravage que peuvent faire dans les esprits les idéologies criminelles.

mardi 14 octobre 2014

Marguerite Yourcenar et le souci de soi.

Marguerite Yourcenar et le souci de soi est un livre que vient de publier Madame Anne-Yvonne Julien, universitaire et spécialiste de l’écrivain. Ce livre est un livre érudit mais il se lit, cependant, avec plaisir et a le mérite de vous faire revisiter l’œuvre entière de Marguerite Yourcenar en faisant apparaître les sources et les éléments venus de la propre personnalité de l’auteur. Bien entendu il serait préférable de lire ce livre lorsque l’on a déjà lu tout ou partie de l’œuvre mais pour ceux qui n’auraient jamais lu l’écrivain ce livre peut être une incitation à la découverte puisque, évidement, rien ne vaut l’œuvre elle-même.
Ce livre est fait d’une analyse successive de tous les écrits de Marguerite Yourcenar et l’on peut donc lire les parties  qui intéressent plus particulièrement le livre que l’on préfère.
Pour ma part admirateur depuis longtemps de Marguerite Yourcenar j’ai, notamment, apprécié les développements consacrés aux livres qui ont ma préférence ! Alexis ou le traité du vain combat, Mémoires d’Hadrien et les trois livres consacrés par l’auteur à l’histoire de sa famille : Archives du Nord, Souvenirs pieux et Quoi ? L’éternité.
L’ouvrage met bien en évidence les rapports complexes de l’écrivain avec le temps et sa façon, bien à elle, de faire revivre ce passé. Dans cette reconstitution du passé lointain pour Les Mémoires d’Hadrien, plus proche lorsqu’elle évoque le passé de sa famille Marguerite Yourcenar excelle car elle fait appel ,non seulement aux données historiques mais elle essaye et parvient  a faire revivre l’homme du passé avec ses goûts, ses sentiments, ses connaissance d’alors. C’est une particulière réussite dans les Mémoires d’Hadrien qui est le livre que j’emmènerai sur une île déserte.