dimanche 7 février 2010

Le 16° Maghreb des Livres

J'ai passé cette matinée de dimanche au Maghreb des livres qui se tenait, cette année, dans le Palais de la Porte dorée, qui habrite de manière permanente la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration. Ce Palais a été construit en vue de l'exposition coloniale de 1927, entièrement " art deco", il contient au rez de chaussé, des deux côtés de la vaste entrée, deux salons restés dans leur décoration d'origine et dans lesquels recevait le Maréchal Lyautey.
Quant au Maghreb des livres, auquel j'ai moi-même participé en 2000 pour "Algérie, Algérie, que me veux-tu ?", j'y venais surtout pour assister au débat sur : " Les liberaux d'Algérie, cinquante ans aprés la mort d'Albert Camus".
Participaient à cette table ronde, Denise Ibrahimi, l'écrivain Anouar Benmalek, l'historien Benjamin Stora, spécialiste de l'histoire de l'Algérie et Cyrille Duchemin un étudiant de Sciences Po Grenoble qui fait une recherche sur ce thème.
Le débat a été tès intéréssant et notamment les interventions de Denise Ibrahimi, consacrée à l'appel pour une trêve civile lancée par Camus en 1956 et de Benjamin Stora qui a fait une synthèse tout a fait remarquable.
Il a souligné que si les "liberaux d'Algérie" avaient été l'honneur des européens d'Algérie, il s'agissait d'un groupe hétérogène qui n'avait jamais eu de véritable espace politique.
Ils n'en n'avaient pas en Algérie où la grande majorité des européens était favorable au statut quo. Ils n'en n'avaient pas, non plus, en Fance ni à gauche où " l'intelligentsia" menée par Sartre avait pris clairement position pour l'indépendance, ni dans les partis de  gauche qui étaient incertains et penchaient, en réalité plutôt à droite pour le maintien d'une Algérie française. Il a rappelé qu'au moment même où Camus lançait son appel pour une trêve civile, se tenait à Paris un meeting où Sartre soutenait l'indépendance de l'Algérie.
Les liberaux n'avaient pas non plus d'espace dans une droite favorable, elle aussi, à l'Algérie française.
Le seul moment qui s'était offert à eux est celui de l'arrivée du Général de Gaulle au pouvoir et qui était, au début, favorable à un mécanisme d'association. Mais à ce moment là les quelques personnalités "libérales" furent victimes d'assassinats ciblés.
Cet absence d'espace politique explique en partie le "silence de Camus".
De fait, comme l'a souligné l'écrivain Anouar Benmalek, l'histoire n'aime que " les efficaces", elle n'aime pas les partisans de l'équilibre, de la mesure, de la justice. Il a cité, en comparaison, le conflit actuel en Palestine. Il y a, a t-il dit, des modérés qui pourraient parvenir à des accords, mais l'histoire va leurs préférer le conflit et la guerre.