vendredi 20 juin 2014

La Fin de vie

Deux affaires judiciaires sont en cours et les décisions qui vont être rendues sont, évidement très attendues. L'affaire Lambert vient d'être examinée par le Conseil d'Etat dans une formation renforcée (17 magistrats) et doit se prononcer sur l'arrêt des soins  ou le maintient en vie de ce jeune homme, inconscient, qui n'a laissé aucune manifestation d'intention claire et dont il est clair, selon tous les experts, qu'il ne guérira pas et ne sortira pas de son état végétatif. Je pense qu'en réalité il y a longtemps que cet homme aurait cessé de souffrir si il n'avait le malheur, je dis bien le malheur, d'avoir des parents intégristes qui s'oppose a ce que l'on mette un  terme a ce qui n'est plus une vie!
J’espère donc que le Conseil d'Etat dans a sagesse permettra que l'on mette un terme a son calvaire.
La deuxième affaire se déroule à Pau devant la Cour d'Assises et j'en ai suivi, dans la presse, l''essentiel des débats. Certes c'est une question compliquée mais ma conviction profonde, partagée par les très nombreux médecins, dont certains éminents, est que le Docteur Bonnemaison n'a strictement rien a faire devant une Cour d'Assises et que la sanction encourue (essentiellement pour ne pas avoir associé a ses décisions la famille et l’équipe médicale) est absolument choquante dans la mesure ou il est clair que
-le Docteur Bonnemaison n'a pas recherché un quelconque avantage personnel
-que les patients étaient clairement en fin de vie et  souffraient ou ne pouvaient aller que vers la souffrance inutile
-que cette idée "d'associer" la famille est une très mauvais idée car si il y a des personnes a qui on ne doit pas demander une décision c'est bien les proches.
La Cour d'Assises est présidée par un magistrat que je connais et que j'estime, une personne pondérée et humaine et j'ai donc l'espoir que le Docteur Bonnemaison échappera a toute sanction. La seule sanction qui aurait pu et dû être envisagée par le législateur,  dans un cas semblable(absence de recours à l'équipe médicale et de la famille) ,devrait être une peine d'amende, c'est à dire une sanction de principe.
Parlez d’empoisonnement est pour moi tout simplement grotesque et hors  sujet. C'est dire plus brutalement ce qu'a dit Bernard Kouchner qui déclare que le Dr Bonnemaison ne peut être qualifié d'assassin. Cela va de soi , sauf peut être pour quelques irréfléchis.Il y a eu, en tous cas , des témoignages de haute tenue comme celui de Madame Delaunay.
Le Conseil d'Etat en assemblée plénière vient d'autoriser  l'arrêt des soins . J'indiquerai le lien vers l'arrêt dès que possible mais tout n'est pas terminé puisque le parents ont saisi la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui, le soir même de l'arrêt du Conseil d'Etat demandait à l'Etat français de continuer a alimenter M. Lambert. Après l'acharnement médicale l'acharnement judiciaire!Cette décision fait déjà beaucoup parler parler
Quant à l'affaire du Docteur Bonnemaison le Parquet a requis une peine d'emprisonnement de 5 ans avec sursis en admettant dans son réquisitoire que .M. Bonnemaison n' était pas "un assassin et un empoisonneur au sens habituel de  ces mots" ce qui revient bien a reconnaître le côté complètement inadapté de cette poursuite.
Le Docteur Bonnemaison a été acquité et les jurés acclamés par le public. Comme quoi les citoyens sont souvent plus ouverts que les institutionnels: politiques et juges! Je me réjouis  de cet acquittement que j'avais espéré. Le Parquet Général a finalement décidé de faire appel et cette décision me choque. Elle me rappelle le scandaleux appel du Parquet dans l,affaire Gabrielle Russier cette enseignante a qui l'on reprochait d'aimer un de ses élèves et qui s'&était suicidé à la suite de cet appel. Le Président Pompidou interrogé avait répondu par ces quelques vers de Paul Eluard:


"Comprenne qui voudra ! 
Moi, mon remords, ce fut 
la victime raisonnable 
au regard d'enfant perdue, 
celle qui ressemble aux morts 
qui sont morts pour être aimés. "

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