Giono a vécu toute sa vie à Manosque, résistant aux sirènes de Paris et il connaît cette région comme personne. on est là dans une Provence rude, rude dans ses paysages , rude dans son climat et rude dans cette vie au début du siècle. On a , aussi , ces villages abandonnés et qui tombent peu à peu en ruine, ces sources qui tarissent et ce petit peuple ignorant pense à des forces obscures pour expliquer une nature ,quelques fois violente et qu'ils ne savent expliquer. On est loin de la Provence riante du Lubéron.
On y rencontre encore cette paysannerie frugale et ses ouvriers qui louaient leur force de travail à la semaine ou à la saison et qui erraient dans toute la région.
C'est ce milieu et ces gens que nous retrouvons dans des romans comme Colline où un hameau ,loin de tout, va se croire maudit et penser que la malédiction vient d'un viel homme du village au point que tous voudront le tuer pour faire cesser la malédiction.
Dans : "Un de Baumugne"c'est l'histoire cruelle et émouvante d'Angèle la fille de deux propriétaires d'une ferme isolée qui a été victime d'un salaud qui l'a trompé et lui a fait un enfant. Nous sommes dans un temps où cela ne pardonne pas et où c'est le déshonneur des familles. Les parents enfermeront Angèle et son fils, les déroberont aux yeux de tous jusqu'au jour où Albin, un de Baumugne ,aidé par un vieil ami délivrera Angèle, se mariera avec elle en adoptant son enfant. Il faut lire la fin émouvante de ce roman.
Regain beaucoup connaisse ce roman grâce au film de Marcel Pagnol avec ce couple de rémouleur qui traverse une campagne aride et venteuse e ton se souvient de la scène où Angèle voit dans le lointain une forme qui bouge qui fait "hop" C'est la Mamèche une vielle femme , italienne installée a Aubignane et qui a perdu son mari, tombé au fond d'un puit qu'il creusait et son enfant. A Aubignane tout le monde est parti et il ne reste qu'elle , la Mamèche et Panturle jusqu'au jour où Panturle rencontre Angèle et s'unit à elle. Alors la vie repart.
La solitude de la pitié est un recueil de nouvelles et Giono ,lui-même disait qu'il n'était pas à l'aise dans ce format. Il y a cependant de très belles nouvelles et surtout une unité entre tous ces récits.Ils évoquent tous la solitude fondamentale des hommes qui ne se connaissent pas entre eux et Giono décrit avec vérité et cruauté les égoïsmes, les petitesses.Le titre est enigmatique mais il semble que Giono ait voulu mettre l'accent sur la fraternité des hommes
Le grand troupeau est un beau roman sur la guerre de 14-18 vue de cette terre de Provence , de ses villages de ses fermes que quittèrent tant de jeunes hommes pour n'y plus revenir , tués par cette horrible guerre. Il y a là des scènes poignantes comme ces annonces de la mort dans ces mas reculés, ses veillées mortuaires "corps absent" que décrit si bien Jean Giono. Le roman alterne les scènes au front, du côté de Verdun et en haute provence où sont demeurés les vieux et les femmes.
Il y a des pages horribles où Giono dépeint les horreurs de la guerre dans les tranchées, les bléssés , les morts et les cadavres attaqués par les rats et les corbeaux. Mais ce roman tout plein d'histoires douloureuses se termine,comme toujours chez Giono, par une note d'épèrance.
Et voilà des images du pays de Giono et notamment du plateau de Valensole et on verra aussi avec intérêt ce documentaire
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