Comme je le fais souvent à l’occasion d’un décès je relis en
ce moment l’ouvrage d’Albert Memmi : « Portrait du colonisé »
dans l’édition Gallimard de 1985 avec une préface de Jean Paul Sartre et une
préface de l’auteur datée de 1966.
Albert Memmi https://laregledujeu.org/2020/03/18/35765/albert-memmi-vie-et-oeuvre-de-lauteur-du-portrait-du-colonise/?fbclid=IwAR3XARndGYfgYwigx4zFrk6gqCtqt6sGs1kjvzZxgy60iJS58uqslP2oxp8 est un écrivain d’origine tunisienne qui a
produit une œuvre considérable et qui a marqué son temps.
On y trouve des analyses à la fois brillantes et fortes et
j’y découvre par exemple une excellente explication de la mauvaise conscience
de la gauche, mauvaise conscience qui la conduit à accepter l’inacceptable
comme c’est encore le cas aujourd’hui.
Cette phrase par exemple n’a pas pris une ride « Il
soutiendra la libération inconditionnelle des colonisés, avec les moyens dont
ils se servent (le terrorisme c’est moi qui ajoute), et l’avenir qu’ils
semblent s’être choisi. Il finit par admettre que la condition humaine puisse
signifier le Coran et la Ligue arabe. Le Coran soit ; mais la Ligue
Arabe ! La juste cause d’un peuple doit-elle impliquer ses mystifications
et ses erreurs ? Pour ne pas être exclu ou suspect, le colonisateur de
gauche acceptera cependant tous les thèmes idéologiques des colonisés en
lutte : il oubliera provisoirement qu’il est de gauche. » p. 63
Albert Memmi montre aussi et c’est ce qui est le plus cruel
que même ce colonisateur de bonne volonté qui a œuvré pour la libération du
peuple colonisé n’aura pas sa place dans le nouvel Etat.
« Il aura beau se rassurer. « J’ai été ceci ou cela
avec les colonisés » il soupçonne, ne serait-il aucunement coupable comme
individu, qu’il participe d’une responsabilité collective, en tant que membre
d’un groupe national oppresseur. Opprimés en tant que groupe, les colonisés
adoptent fatalement, une forme de libération nationale et ethnique d’où il ne
peut qu’être exclu. » (p.65)
Il y a aussi le pendant du portrait du colonisateur celui du
colonisé et celui-là doit être diminué et on lui attribue des traits comme la
paresse pour faciliter son exploitation, sa frugalité pour justifier de mal le
paye !
Camus l’avait déjà dit dans ses articles « Misères en
Kabylie ».
Ce qui fait aussi l’intérêt de ce livre qui a connu un succès
mondial c’est qu’il est écrit dans un style élégant et loin du langage érudit.
Il parle de ce que chacun peut comprendre et ressentir.
On lira cet hommage du Professeur Guy Dugas et la video d'un entretine d'Albert Memmihttps://algeriecultures.com/actualite-culturelle/albert-memmi-va-manquer-cruellement-au-monde-de-demain-guy-dugas-professeur-de-litterature/?fbclid=IwAR3WylNcX9tkM9_gt9HksOvuGw8vlj78LnyOoe-PrYnenyetP_4vrbziqFs
Il faut savoir que cet anticolonialiste est cependant assez peu étudié dans les anciens pays colonisés car on lui reproche son "sionisme
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