Je découvre le roman d’'André Scwartz-Bart« Le dernier des Justes » qui fut Prix Goncourt 1959. On sort de la
lecture de ce roman complétement bouleversé. C’est un roman difficile à résumer
car il se déroule sur des siècles et nous raconte, à travers des chroniques
anciennes, la vie d’une lignée de « justes » nés dans une famille
Levy jusqu’à l’holocauste final, en passant par les milliers de pogroms, de
persécutions en tous genre, de fuite d’un pays à l’autre, une vie toujours menacée.
La fin du roman consacré à l’histoire du « dernier des justes » Ernie
Levy est émouvante et nul n’y restera insensible.
Et ce roman se termine par la mort d’Ernie Levy à Auschwitz
au milieu des enfants qui vont être gazés après avoir parcouru depuis Drancy
des milliers de kilomètres dans un Wagon plombé, avec pendant le trajet des
morts qui s’entassent dans un coin du wagon.
Chacun connaît l’horreur de la « solution finale »
mais elle reste quelques fois abstraite. Elle ne le sera plus pour ceux qui
liront ce magnifique roman. Quelqu’un qui a su écrire un tel roman a justifié
sa vie et voici quel était son projet en écrivant ce roman : « … Je n’ai pas cherché (mon) héros parmi les révoltés du ghetto de
Varsovie, ni parmi les résistants qui furent, eux aussi, la terrible exception.
Je l’ai préféré désarmé de cœur, se gardant naïf devant le mal, et tel que
furent nos lointains ascendants. Ce type de héros n’est pas spectaculaire. On
le conteste volontiers aujourd’hui au nom d’une humanité plus martiale… On
voudrait que mille ans d’histoire juive ne soit que la chronique dérisoire des
victimes et de leurs bourreaux… je désire montrer un Juif de la vieille race,
désarmé et sans haine, et qui pourtant soit homme, véritablement, selon une
tradition aujourd’hui presque éteinte »
Ce roman a été critiqué par certains, des critiques que je ne
comprends absolument pas (mais qui ont meurtris l’auteur) car ,pour moi, c’est
indiscutablement un chef d’œuvre.
Et voilà les dernières lignes de ce roman :
« Ainsi donc, cette histoire ne s’achèvera pas sur
quelque tombe à visiter en souvenir. Car la fumée qui sort des crématoires
obéit tout comme une autre aux lois physiques : les particules
s’assemblent et se dispersent au vent, qui les pousse. Le seul pèlerinage
serait, estimable lecteur, de regarder parfois un ciel d’orage avec mélancolie.
Parfois il est vrai, le cœur veut crever de chagrin. Mais
souvent aussi, le soir de préférence, je ne puis m’empêcher de penser qu’Ernie
Levy, mort six millions de fois, est encore vivant, quelque part. je ne sais
où…Hier, comme je tremblais de désespoir au milieu de la rue, cloué au sol, une
goutte de pitié tomba d’en haut sur mon visage ; mais il n y avait nul
souffle dans l’air, aucun nuage dans le ciel...il n’y avait qu’une
présence. »
André Scwartz-Bart est surtout connu pour ce roman même s'il a écrit sur la question noire aprés son mariage et son installation en Guadeloupe. Lire un entretien de sa veuve
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